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REGION : L. BOUTRIN DEMANDE A S. LETCHIMY D'ANNULER LA DELIBERATION AUTORISANT L'EPANDAGE AERIEN

Date de publication
16 février 2012

Plénière du 16 février 2012

Demande d’annulation de la délibération du 1er décembre 2011 autorisant une dérogation à l'interdiction de l'Epandage aérien 

Monsieur le Président, 

Lors de la Plénière du 1er décembre 2011, votre majorité a  donné un avis favorable à l'utilisation de l'épandage aérien pour une durée de 6 mois et ce, à la demande expresse des agriculteurs qui étaient présents dans cet hémicycle.

Notre groupe avait présenté une motion visant, au contraire, à l’interdiction de toute dérogation à l’épandage aérien et ce, conformément au principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’Environnement et adossé depuis le 28 février 2005 au préambule de la Constitution, mais aussi conformément à la directive européenne du 21 octobre 2009 qui prévoit l’interdiction de l’épandage aérien.

Pour ma part, je me suis personnellement exprimé là-dessus en rappelant les raisons qui m’avaient poussé à porter plainte dans le scandale du Chlordécone pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « administration de produit dangereux ». J’avais également rappelé que, pratiquement 20 ans après la Loi sur l’eau de 1992, les périmètres de protection des points de captation d’eau potable ne sont toujours pas opérationnels, captations qui se font au cœur du triangle de la banane, dans le Nord, et qui alimentent les usines d’eau potable distribuée à l’ensemble des martiniquais. Dans de telles conditions, et pour des raisons de santé publique, nous ne pouvions pas prendre la décision d’accorder une dérogation à l’interdiction de l’épandage aérien de produits reconnus comme potentiellement dangereux pour la population. 

Mais en dépit de toute logique, et sur la pression des latifundistes de la banane, physiquement présents dans l’enceinte même du Conseil Régional, votre majorité a malgré tout donné un avis favorable, alors même que la loi n’a pas prévu de consultation ni d’avis des élus régionaux en pareille circonstance. Mais, il fallait une caution morale et politique au gouvernement, notamment au Ministre de l’agriculture qui, en réponse à une question du député Alfred Marie-Jeanne à l’Assemblée nationale, le 13 décembre 2011, a déclaré : « …ce traitement a reçu non seulement l’accord du préfet mais aussi celui du Conseil régional, auquel j’ai demandé un avis préalable avant de donner cette autorisation ».

J’avais qualifié cette décision d’irresponsable car elle a été prise sans aucune expertise scientifique préalable

Vous avez d’ailleurs tenté de rectifier le tir en sollicitant, a posteriori, le 19 janvier 2012,  une expertise sanitaire du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins sur le dossier de l’épandage. 

Le 7 février dernier, le Conseil de l’Ordre des Médecins vous a remis son rapport de 7 pages  où il conclut par un avis très défavorable sur tout mode de traitement aérien ou terrestre faisant usage des produits présentés.S’agissant maintenant des pesticides utilisés, les médecins représentés par l’URPS (Union Régionale des Profession de Santé) et l’ASEM (Association Santé Environnement de Martinique), ont adressé une lettre ouverte au Préfet de Martinique lui demandant d’interdire immédiatement tout épandage aérien avec le BANOLE car les informations sanitaires disponibles sur ce pesticide « font état d’une dangerosité réelle pour les populations dont la plus grave est le risque cancérigène avéré ».

Monsieur le Président,

Chers (es) collègues (es) 

Au regard de ces informations dont vous disposez à la date d’aujourd’hui et des préconisations du corps médical, nous vous demandons solennellement, d’annuler votre délibération du 1er décembre 2011 et, à l’instar du Conseil général, de donner un avis défavorable à toute dérogation visant l’interdiction de l’épandage aérien en Martinique.

Maintenant que vous êtes sous les feux des projecteurs, votre décision sera examinée à la loupe, et le peuple « veillatif », ne comprendra pas que vous puissiez autoriser son empoisonnement en toute connaissance de cause. 

Au-delà des discours, c’est aussi à travers des actes concrets que l’on reconnaît les bienfaiteurs de l’humanité. 

 

Martinique, le 16 février 2012

Louis BOUTRIN

Conseil Régional de Martinique

Groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants