Ce mercredi 07 février, MARTINIQUE-ECOLOGIE, en la personne de Raphaël CONFIANT, Louis BOUTRIN et le Dr. Jacques de THORE, a tenu une conférence de presse sur l'affaire du chlordécone qui resurgit depuis quelques semaines grâce à Cécile MARRE de MARTINIQUE 1è.
Le premier à intervenir, R. CONFIANT, a rappelé les sarcasmes et les tentatives de décrédibilisation que L. BOUTRIN et lui-même avaient subi en 2007 lors de la publication de leur ouvrage "CHRONIQUE D'UN EMPOISONNEMENT ANNONCE". Il a souligné ainsi que la municipalité de Fort-de-France, la Chambre d'agriculture, le Comité du tourisme du Conseil régional (contrôlé par le PPM à l'époque), le Comité des pêches et mêmes certains médias les avaient tantôt tourné en dérision tantôt attaqués. Chose qui ne les avaient pas empêché de créer une association, l'ANC (Association Non au Chlordécone) et de rassembler 300 personnes à l'Atrium le jeudi saint de cette même année 2007. Puis, de faire des conférences d'explications dans les communes et de publier en septembre un deuxième livre : "CHLORDECONE : 12 MESURES POUR SORTIR DE LA CRISE". Pour R. CONFIANT, on ne pourra commencer à affronter ce problème qu'en constituant un front populaire anti-chlordécone qui rassemblerait d'abord tous les écologistes, qui devront faire taire leurs divergences, puis en élargissant ensuite ce front à d'autres mouvements en prenant soin de tenir à l'écart les politiciens opportunistes qui dénoncent le chlordécone en 2018 alors qu'ils avaient dénoncé L. BOUTRIN et R. CONFIANT en 2007.
A son tour L. BOUTRIN a évoqué le volet pénal de l'affaire puisque plusieurs associations guadeloupéennes ainsi que l'ASSAUPAMAR et POUR UNE ECOLOGIE URBAINE avaient déposé plainte en 2007 pour "mise en danger de la vie d'autrui et empoisonnement". Cette plainte a été délocalisée à Paris et depuis cette date, L. BOUTRIN s'y est rendu plusieurs fois afin de suivre le dossier, rencontrant par exemple la ministre de la santé de l'époque, Roselyne BACHELOT. Le président de MARTINIQUE-ECOLOGIE a souligné la responsabilité des services de l'Etat en Martinique, celle des importateurs de pesticides et celle des maires, garants aux yeux de la loi de la potabilité de l'eau qui est distribuée au robinet dans leur commune. Au plan juridique toutefois, il a indiqué la principale difficulté : le principe de causalité direct n'étant pas établi entre le chlordécone et les diverses maladies qu'il provoque (cancers, Alzheimer, Parkinson etc.). Cependant, les statistiques permettent de corriger cette difficulté, le nombre de cancers de la prostate, par exemple, étant six fois plus élevé en Martinique qu'en Jamaïque où les planteurs ont beaucoup moins utilisé le chlordécone. Enfin, il a révélé avoir rencontré la juge d'instruction en charge du dossier récemment qui l'a assuré que les choses avancent.
Enfin, le Dr. de THORE a évoqué l'aspect médical de l'affaire, le chlordécone étant un pesticide organochloré réputé cancérogène. Il s'agit d'une molécule qui s'incruste dans l'organisme humain à petites doses et qui peu à peu provoque des dégâts considérables. Or, 92% des Martiniquais ont du chlordécone dans le sang, sans même parler du phénomène de bioaccumulation puisque, outre le chlordécone, de nombreux autres pesticides ont été déversés sur notre pays depuis un demi-siècle comme le DDT, le perchlordécone, le paraquat etc...Selon le Dr. de THORE, il faut une cartographie précise des terres contaminées car même si l'examen des sols de ceux qui possèdent une exploitation agricole ou un jardin créole est gratuite, tout le monde ne le sait pas encore ou ne se soucie pas de le faire. Comment survivre dans un environnement si pollué, continue le Dr de THORE, quand on sait que l'exigüité de la Martinique interdit de faire ce qui a été fait à Tchernobyl et à Fukushima à savoir condamner les zones atteintes et y interdire toute présence humaines ? Tel est le défi auquel nous sommes confrontés.
La conférence de presse s'est achevée par les questions des journalistes présents parmi lesquels MARTINIQUE 1è, FRANCE-ANTILLES, ANTILLA, JUSTICE etc...