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Portrait d'un battant par Raphaël Confiant

Date de publication
27 avril 2017

Il me revient l’honneur de présenter le leader de notre mouvement, j’ai nommé Louis Boutrin.

Je dis bien « honneur » car il devient de plus en plus rare de trouver dans ce pays des gens qui décident de se battre corps et âme pour une cause en acceptant de recevoir critiques, dénigrements, insultes, voire même parfois agressions physiques.

Louis Boutrin fait partie de ceux-là et c’est avec fierté que nous en faisons le leader de MARTINIQUE-ECOLOGIE.

Si je me permets de tracer son portait aujourd’hui, c’est parce que j’ai milité à ses côtés, tant au niveau de la défense de l’environnement qu’au niveau politique et culturel, depuis bientôt quinze ans. J’ai donc eu tout le temps de le jauger, d’étudier ses prises de positions et d’évaluer ses actions, même lorsqu’il m’arrivait parfois de ne pas être tout à fait d’accord avec lui. Boutrin sé an moun ki sa asepté ki ou pa dakò épi’y é ki pa ka janmen lévé faché pou sa !

La première remarque que je ferai - et elle est importante - c’est que pendant longtemps, pendant très longtemps, devrais-je dire - Louis Boutrin a été un militant associatif et non un homme politique. Ce sportif de haut niveau à qui la modestie interdit de rappeler qu’il a été vice-champion de France de sprint durant 3 années, cet ancien athlète de haut niveau donc, s’est d’abord investi dans le sport et surtout la relation entre Sport et Santé. C’est lui et quelques amis proches, par exemple, qui ont fait marcher toute la Martinique à travers le « Défi-commune » qui consistait à organiser des marches ouvertes à tous entre différentes équipes communales. C’est encore lui qui, à travers le Comité Martiniquais pour la Promotion des Activités Sport-Santé (COMPAS), est à l’origine, avec le docteur David Dinal et d’autres, du fameux « Centre d’Evaluation Sport-Santé », de « La Charte de l’Hygiène de Vie» et des premiers Parcours Santé du pays, à Morne Cabri (Lamentin) et à Terreville (Schoelcher).

Avec un dévouement et une abnégation sans faille, Louis Boutrin s’est battu pour doter notre pays d’une structure qui, par le biais de l’activité sportive, s’employait à veiller à la santé de la population martiniquaise. I toujou té ka di mwen ki an pep ki pa ni an bon santé pé pa lévé-doubout pou défann dwa’y é ki dayè, prèmié dwa an pep pou ni, sé dwa lasanté.

 

Militant associatif d’abord au niveau du sport et de la santé, Louis Boutrin est ensuite un militant écologiste. Il fait même partie des tous premiers Martiniquais à avoir promu le concept d’écologie urbaine dans notre pays et à ne pas faire de ce dernier un simple combat pour la préservation d’espèces ou de territoires menacés.

Sa conception de l’écologie vise surtout à établir un équilibre entre la nature et lhomme sans intégrisme, sans sombrer dans l’écologisme, je dirais. De nos jours, l’immense majorité de la population vit dans les bourgs et les villes, ce qui pose d’énormes problèmes tels que l’acheminement de l’eau potable, le traitement des déchets, la question des transports, celle des sources d’énergie, celle des risques naturels,  et j’en passe. Les catastrophes qu’ont subi récemment Haïti et le Japon démontrent sans discussion possible que la question écologique est au cœur de l’action politique d’aujourd’hui, que l’on soit un pays pauvre comme Haïti ou riche comme le Japon. L’écologie n’est donc pas un gadget, une simple idée à la mode, même si certains politiciens cherchent à s’en emparer pour séduire leur électorat. Cest un enjeu vital ! Et dans un pays minuscule tel que la Martinique, je dirais qu’il s’agit là d’un enjeu plus que vital.

En créant l’association « Ecologie Urbaine », en faisant de l’information et de la formation auprès de la population, en créant un journal La Tribune des Antilles (mensuel) et un site Internet, Louis Boutrin a fait preuve d’une détermination sans faille qui ne peut que forcer l’admiration. Man pé di zot ki alé-vini toupatou Matinik pou palé di bagay ékolojik, sé pa rédi chez bò tab !

J’ai eu, en 2007, l’honneur d’écrire avec lui deux ouvrages, « CHRONIQUE DUN EMPOISONNEMENT ANNONCE » et « CHLORDECONE : 12 MESURES POUR SORTIR DE LA CRISE », qui ont permis d’en finir avec 30 ans d’omertà et de silence coupable des Békés et de l’Etat français. En effet, en nous appuyant sur une documentation à la fois française et internationale, sur les travaux du Pr Dominique Belpomme entre autres, nous avons obligé nos élus et lEtat français à poser la question de lempoisonnement de notre pays par ce dangereux pesticide.

Nous avons même organisé, fin février 2007, une conférence de presse dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale française afin d’alerter l’opinion publique française, cela avec le soutien à nos côtés des écologistes Alain Lipietz et Corinne Lepage. Sans vanité aucune, je peux affirmer que sans ces deux livres, le silence qui entourait le chlordécone, ce silence de trois décennies, aurait encore continué aujourd’hui. Jòdi-a, nou wè ki Léta fwansé té oblijé mété 33 million éwo anlè tab-la pou koumansé pòté mannev pou wè ki manniè rézoud poblem klowdékòn-la. Sa pòkò lajan pa rapot a grandè poblem-la, mé sé ja an primié pa ki la. Je me permets donc d’insister : notre leader fut d’abord un militant associatif, ensuite un militant écologiste et ce n’est qu’en troisième lieu, après des années de militantisme associatif et écologiste, qu’il s’est lancé en politique.

Ceux donc qui aujourdhui tentent de faire de lui un homme à la recherche dun poste ou dun strapontin sont, pour employer un euphémisme, des esprits mal intentionnés.

Quand on cherche un poste politique, on se lance d’emblée dans l’action politique et le combat électoral, on ne perd pas de temps à militer dans l’ombre durant des années au niveau associatif. Je n’aurai pas la cruauté de nommer ici certaines personnes qui se permettent de jeter la pierre à Louis Boutrin alors même qu’elles n’ont jamais donné une seconde de leur temps ni un sou de leur revenus à des actions associatives - et dieu sait si tout cela demande du temps et de l’argent ! - et qui sont entrés directement en politique avec des succès divers, il est vrai. Ces personnes se reconnaîtront ! Sel bagay man sav, sé ki sé kalté moun-tala pa ni pies lison pou ba Louis Boutrin.

Louis Boutrin fut donc conseiller régional entre 1998 et 2004 au sein du groupe « BATIR LE PAYS MARTINIQUE ».

C’est à son instigation, mais aussi à celle des autres dirigeants, que ce groupe a apporté son soutien à celui des Patriotes d’Alfred Marie-Jeanne au cours de la première mandature effectuée par ce dernier. Il y a démontré des qualités de bosseur, de militant rigoureux, de ferrailleur avec l’adversaire et d’homme peu enclin aux combines politiciennes. Mais ne vaut-il pas mieux avoir des bosseurs-ferrailleurs que des élus fainéants, ces roitelets que le peuple envoie siéger au Conseil général ou au Conseil régional et qui n’y prennent jamais la parole sur aucun sujet tout en touchant tranquillement leur mandat ? Que Louis Boutrin soit un empêcheur de danser en rond est une excellente chose dans un pays toujours prompt aux consensus mous, voire aux compromis douteux. Il sait se montrer avant-gardiste et il est bon de rappeler que cest à son instigation quen juillet 1998 que le Conseil régional a voté une résolution demandant que la traite négrière soit reconnue comme un crime contre lhumanité et cela bien avant la loi Taubira comme aime à le rappeler Alfred Marie-Jeanne.

Louis Boutrin est à nouveau élu au Conseil régional, cette fois dans le groupe des « Patriotes et sympathisants ». Qu’on n’aille pas y voir du « zonnzolaj » politique ? En désaccord avec son premier parti, ayant même démissionné de ce dernier avec divers autres camarades, Louis Boutrin se retrouvait donc libre de toute affiliation partisane - je dis bien : libre de toute affiliation partisane - au moment des dernières élections régionales. Il na donc pas quitté un parti pour aller dans un autre comme le font certains.

Ayant travaillé aux côtés de Marie-Jeanne lors de la première mandature de celui-ci, c’est tout naturellement qu’il s’est vu proposer une place sur la liste des Patriotes et sympathisants, cela sans aucune obligation pour lui d’adhérer au MIM. De part et d’autre, l’objectif était de faire élire quelqu’un capable de travailler sérieusement pour le pays. Docteur en Droit public, travaillant le droit constitutionnel et le droit de l’aménagement du territoire, Louis Boutrin s’est dernièrement trouvé une dernière corde à son arc : la littérature.

Ce natif de Foyal - il a sa souche familiale maternelle à Sainte-Luce et paternelle au Carbet - cet amoureux des pitons, du sable noir et de la Pelée, nous a, en effet, gratifié d’un beau roman : « LA COULEE DE LA RIVIERE BLANCHE » évoquant l’éruption de 1902.

Je voudrais terminer ce bref portait de notre leader en disant qu’il n’ignore pas qu’il sera attaqué de partout sur le nom même du parti qu’il est amené à diriger à savoir MARTINIQUE-ECOLOGIE. Les mêmes mauvais esprits dont j’ai parlé plus haut ne manqueront pas de nous accuser d’être une succursale d’EUROPE-ECOLOGIE, ce qui est parfaitement ridicule. L’écologie est une problématique mondiale, pas une problématique étroitement nationale.

Le nuage radio-actif de Tchernobyl ne s’est pas arrêté à la frontière franco-allemande comme l’ont prétendu certains hommes politiques français et chacun sait que le nuage radio-actif de Fukushima a tout dernièrement survolé les Antilles. S’enfermer donc dans une perspective nationaliste lorsqu’on est écologiste n’a pas de sens, ce qui ne signifie aucunement que nous oublions que la Martinique doit résoudre, un jour ou l’autre, sa question nationale, c’est-à-dire pour aller vite,  son rapport bientôt quatre fois centenaire avec la France.

Cette question fera partie de l’agenda de MARTINIQUE-ECOLOGIE, ce n’est pas une question facile du tout. Il faut tenir évidemment compte dune série de paramètres parmi lesquels l’état de conscience du peuple martiniquais ou plus exactement sa volonté de devenir ou de ne pas devenir un jour une nation autonome, voire indépendante.

Mais, en même temps que nous réfléchirons à cette question, il nous faut bien traiter de l’ici et du maintenant, il nous faut bien nous coltiner à l’aujourd’hui et là. MARTINIQUE-ECOLOGIE se fait fort, non pas par imitation d’EUROPE-ECOLOGIE, mais à l’unisson de tous les écologistes du monde - je dis bien de tous : qu’ils soient caribéens, européens, asiatiques, africains ou autres - de promouvoir l’idée d’un autre mode de développement et d’une nouvelle organisation de la société. Nous ne sommes donc la succursale de personne et je vous rassure : Louis Boutrin sera le tout premier garant de cette indépendance d’esprit et d’action. Zanmi-kanmarad, annou bat lanmen fò ba kanmarad-la !  

 

Raphaël Confiant

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